Historique du 71è Régiment d'Infanterie - 2/2
Thiaumont,
8 au 12 août 1916.
L'ouvrage de Froideterre, l'ouvrage de Thiaumont, plus à l'est le fort de Douaumont sont situés sur une ligne de hauteur montant légèrement de l'ouest à l'est et constituée vers le N.O. par deux croupes qui se terminent en pente douce vers la Meuse.
Au sud des ouvrages de Thiaumont et de Froideterre, le ravin des Vignes, orienté parallèlement à la principale ligne de crête. Sur ce terrain, ni tranchées ni boyaux, mais une succession interrompue de trous d'obus béants au milieu desquels se dressent quelques redoutes en ciment armé, défiant tous les bombardements.
Le 6 août au soir, le régiment est alerté et le 7 il embarque en auto-camions à destination de Verdun. Le 7 au soir, les compagnies se munissent de vivres et de toutes les munitions nécessaires dans les casernes de Niel et de jardin Fontaine.
Pendant la nuit, le 71è va occuper la 2è position, sur la côte Froideterre. Vers 4 heures, un violent bombardement se déclenche sur Thiaumont et les ouvrages plus à l'ouest. Les allemenands attaquent tôt après, réalisant de sérieux progrès.
Le 1er bataillon, à la disposition du général commandant la 61è brigade, reçoit l'ordre d'aller occuper la tranchée Lagadec, s'appuyant à gauche aux batteries A et à droite aux 4 cheminées où il détache la 2è compagnie (ma cie), un peloton de la 3è et 2 sections de mitrailleuses à la disposition du colonnel Rondenay, commandant le 81è d'infanterie.
A 8 heures, la 2è compagnie partant des batteries B, exécute une brillante contre-attaque sous le commandement du capitaine DOMEON. Elle dégage le P.C. 119, s'empare de la partie sud des batteries C, où elle se maintient, malgré un bombardement d'une extrême violence et des pertes considérables (dont moi !). Le capitaine DOMEON est tué glorieusement à la tête de sa compagnie après avoir atteint tous les objectifs qui lui avaient été assignés.
Dans l'après-midi, le 3è bataillon reçoit l'ordre de contre-attaquer l'ennemi qui avance par le ravin des Vignes. Les 9è et 11è compagnies, sous les ordres du capitaine DEMAURE, atteignent le P.C. 119, le dépassent et renforcent à droite le 1er bataillon.
Pendant que ces opérations se poursuivent sur la droite, le 2é bataillon, commandé par le chef de bataillon FERRANT, est mis à gauche, à la disposition du général commandant la 62è brigade et reçoit l'ordre d'enrayer l'avance allemande dans la direction de Froideterre. Les 5è et 7è compagnies en tête, la 6è en soutien, entraînées par les officiers, s'opposent à l'avance des Allemands, les font reculer. A 8 heures, elles s'emparent de l'ouvrage X, le dépassent, capturant de nombreux prisonniers.
L'élan du bataillon est extraordinaire. L'ouvrage Y tombe peu après et la liaison est établié à droite et à gauche. A 14 heures, le 2è bataillon fait face à l'ouvrage de Thiaumont. A 14h50 arrive l'ordre de contre-attaquer à nouveau dans la direction des batteries C. L'attaque est menée avec un entrain farouche en deux vagues ; les 5è et 6è compagnies en tête, la 7è compagnie en soutien. Les Allemands surpris sont talonnés jusqu'aux batteries C, où parviennent les fractions de gauche et du centre du bataillon qui engage un sanglant combat à la baïonnette.
Cette résistance vaincue, la droite, entraînée par les capitaines SINAIS et MENARD, avancent au pas gymnastique dans la direction de Thiaumont dont elle atteint les abords à 15h30.
Le 8 au soir, le régiment occupe les retranchements Z et une ligne allant de Z à 200 mètres au sud du P.C. 118, jusqu'à la route de Bras à Fleury. Les Allemands ont été arrêtés, battus, repoussés jusqu'à leur ligne de départ. Le général commandant la 31è division exprime au lieutenant-colonel SPITZ toute sa satisfaction et il adresse au 71è ses plus vives félicitations.
Ces succès malheureusement ont coûté cher au régiment. Les pertes pour le 8,9 et 10 août sont de 19 officiers, 480 sous-officiers et soldats.
Le 12 août, le 48è relève le 71è qui va cantonner à Landre-court et à Lempire.

