1976, au secteur de Thiaumont ...

Voyage des 28 et 29 septembre 1976 au secteur de Thiaumont Fleury avec Jean-Louis.


Après avoir déjeuner à Verdun à l'hôtellerie du Coq Hardi, nous avons commencé notre tournée. Mais au lieu d'aller jusqu'au bois des Caures et revenir par Bras nous avons pris la D 913b ; c'était la bonne pour moi. En effet, lors de mes précédents voyages, revenu après la visite de l'ossuaire au carrefour de Thiaumont, j'étais allé avec mes compagnons (Michel en 1955 - Picard en 1969) visiter le fort de Douaumont, puis avant de reprendre la route vers Fleury et le Mémorial, remonté à l'ouvrage de Thiaumont et à l'abri 118. Mais je n'avais pas ainsi retrouvé la partie la plus intéressante pour moi, celle traversée par la D 913b avec l'ouvrage de Froideterre, le PC 119 devant lequel j'étais tombé le 8 août 1916 et l'abri de combat MF 4 dit Maison Blanche où j'avais été transféré par mes deux sauveteurs.

J'avais cependant en 1934 photographié ce PC 119 et cet abri MF 4, sans doute moins cachés par la végétation. J'avais cru - et à juste titre - les reconnaître mais n'étais pas certain de leur identification.

Au petit matin, le 8 août 1916, ma compagnie et d'autres sans doute avait donc longé l'ouvrage de Froideterre, laissant sur la droite, en contrebas, l'abri des 4 Cheminées que je me souvins bien avoir vu. C'est de la crête du ravin que ma compagnie est partie à l'attaque pour dégager le PC 119, devant lequel je suis tombé stoppé par une mitrailleuse d'en face.

Venus au Mémorial ensuite, et ayant fait voir à une dame hôtesse la photo prise en 1934 de l'abri bétonné que je n'avais pas trouvé, le colonel Rodier, conservateur du dit Mémorial a reconnu immédiatement MF 4 et m'a offert spontanément de nous y conduire Jean-Louis et moi, puisqu'il était encore difficilement accessible. C'était bien lui, où j'avais passé la nuit du 8 août dans ses profondeurs sur un brancard, tandis que les "4 Cheminées" avait sauté, brûlé, carbonisant les blessés qui comme moi ne pouvaient tenir debout ("Les Camarades" page 245).

Nous sommes revenus le 29 au matin voir le fort de vaux, puis après être passés sur la rive gauche de la Meuse, nous avons été, selon le conseil du colonel Rodier, sur la butte de Vauquois trouée par les mines de façon saisissante, après nous être arrêtés un moment au Mort-Homme sur les pentes duquel j'ai passé le mois de juin et la moitié de juillet 1916.

Vu ensuite au passage le village d'Esnes, d'Avocourt et longé la Buanthe, petite rivière serpentant dans une vallée, sur les pentes de laquelle j'étais du 22 février au début de mai.

J'ai refait ce pèlerinage bien volontiers avec Jean-Louis que j'ai senti profondément intéressé et ému par tout ce qu'il a vu et qu'il ne soupçonnait certainement pas.

4 octobre 1976.


Note : Pierre Mac Orlan qui fût à Verdun, a écrit un des 25 volumes édités par le Cercle du Bibliophile rassemblant ses oeuvres, qui porte le titre "Propos d'infanterie - Verdun - Dans les tranchées" page 308 : "On va à Verdun une fois. On revient à Verdun. Il est impossible de se libérer de Verdun".

1976 dans le secteur de Thiaumont. 1/1