Historique du 71è Régiment d'Infanterie - 1/2

Mort-Homme du 30 mai au 21 juillet 1916.

Sur ce plateau, occupé par le 71 è, à la fin de mai 1916, il ne reste des organisations anciennes que quelques éléments de tranchées exposés au tir de l'artillerie ennemie sur les deux rives de la Meuse. Toute communication avec l'arrière est impossible le jour, très difficile la nuit par deux boyaux et un mauvais chemin reliant le Bois-Bourrus à Chattancourt.

Le 29 et le 30 mai, le régiment est enlevé en auto-camions pour la rive gauche de la Meuse. Le 30 mai au soir, le 3-ème bataillon, sous un bombardement des plus violents, relève au N.-E. de Chattancourt, des unités du 154è et du 155è d'infanterie, très éprouvé dans la journée. La 12è compagnie participe à une attaque tentée le 31 au soir par des compagnies du 306è d'infanterie.

Le même jour, le 1er bataillon se porte au Bois Bouchet, et le 2è de ce bois en première ligne, entre le Mort-Homme et Cumières, à gauche du 3è bataillon. L'attaque échouée le 31 est reprise le 1er juin par les 6è, 7è, 8è, 12è compagnies, sous les ordres du capitaine CARISSAN.
Les sections de tête progressent d'abord sans difficultés, elle atteignent avec un entrain superbe les défenses ennemies lorsqu'un violent tir de barrage et des feux croisés de mitrailleuses les arrêtent et les déciment. La 8è compagnie conserve avec peine le terrain gagné. Nous avons 20 tués, dont 3 officiers, 60 blessés.

Les jours suivants sont employés à l'organisation de la 1ère position sous un tir incessant de gros calibre. Le 3è bataillon, dont quelques unités occupent une position de soutien au nord de Chattancourt, voit son effectif diminuer sensiblement sous les coups de gros obus de rupture, tirés de la côte du Talou. Aucune période de tranchée ne mit autant à l'épreuve la tenacité et la solidité du soldat breton.

Le 6 juin, un coup de main sur le boyau de Valence, mené brillamment par les sous- lieutenants BOISHARDY et BOISSON nous donne des prisonniers. Nous avons malheureusement quelques pertes, dont le sous-lieutenant BOISHARDY tué à la tête de sa section, le sous-lieutenant BOISSON porté disparu. Les 7 et 8 juin, le 70è relève le 71è qui se rend au repos, le 3è et 1er bataillons à Ippécourt, le 2è bataillon à Saint-André.

Le 15 juin, les 1er et 3è bataillons remontent dans le secteur de Chattancourt, le 2è au Bois Bourru. Relevés par le 70è et le 270è, les 1er et 3è bataillons gagnent les cantonnements de Jouy-en-Argonne, le 2è bataillon celui de Fromereville. Pendant quelques jours, les compagnies sont employées à des travaux d'organisation de la 2è position.

Le 10 juillet, les bataillons sont réduits à 3 compagnies, plus une compagnie de mitrailleuses. Les 4è, 8è et 12è compagnies, sous les ordres du capitaine GUMPEL, sont dirigées sur Ippécourt, pour constituer le dépôt divisionnaire.

Le 14 juillet, le 71è remonte une 3è fois dans le secteur de Chattancourt, les 1er et 3è bataillons en ligne, le 2è en réserve, le secteur est assez calme. Le 21 juillet, le 71è, définitivement relevé du Mort-Homme, se rend par le bois de Sivry à Ippécourt et Saint-André, d'où il embarque le 27 juillet en auto-camions pour la Haute-Marne.

Agréable repos, mais de courte durée.

Extrait de l'historique du 71è Régiment d'infanterie - 1/2